par Jean-Yves Le Gallou*
L’OPINION MÉDIATIQUE est unanime : la gestion des mairies FN a été
catastrophique, absolument ca-tas-tro-phi-que, vous dis-je. Le Front
National lui-même ne cherche pas à démentir : pour certains de ses
dirigeants parce que les maires des villes concernées ont été exclus du
FN ; pour les autres parce que, de toute façon, on ne peut rien contre
une opinion médiatique aussi fermement (même faussement) établie.
Il n’y a qu’un seul problème : cette opinion médiatique est
complètement à l’opposé de la réalité. Tous les maires FN, ou ex-FN, ont
rétabli la situation financière de leur ville. Ce n’est pas ici une
question d’opinion, c’est une question de chiffres.
Prenons la ville d’Orange, toujours dirigée par Jacques Bompard
: quand ce militant national a pris la ville, la dette par habitant
s’élevait à 1 462€ par habitant ; elle n’est plus que de 79€ par
habitant en 2010 ; 20 fois plus faible qu’à Carpentras ou Cavaillon ; 40
fois plus faible qu’à Avignon. Et les taux des quatre taxes locales ont
baissé. Et, pourtant, en 2010, les investissements à Orange restent
élevés : 571€ par habitant, plus que dans les autres grandes communes du
Vaucluse. Quant au taux de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères,
c’est le plus bas du Vaucluse.
Catherine Mégret est devenue maire de Vitrolles en
1997. Elle a été réélue en 2001 (avant de perdre son mandat à la suite
d’une annulation survenue dans une période particulièrement difficile
pour sa formation de rattachement, le MNR). Mais, là encore, la
comparaison des ratios financiers entre 1997 et 2001 montre l’ampleur du
redressement financier accompli. L’endettement a baissé : passant de
811 millions de francs à 687 millions de francs. Et ce, alors même que
la taxe d’habitation a diminué, que le prix de l’eau a baissé de 10% et
celui de la taxe des ordures ménagères de 25%. Dans le même temps, la
capacité d’équipement est remontée.
Une analyse comparable peut être faite sur Marignane dont Daniel Simonpieri fut le maire de 1995 à 2008.
Les campagnes de sidération et de désinformation
Il est d’ailleurs intéressant de rappeler les résultats d’un sondage,
publié en 2001 et portant sur l’opinion des habitants de Marseille,
Vitrolles et Marignane sur leur municipalité : sur les faits – qualité
de la gestion, fiscalité, propreté, sécurité, Vitrolles et Marignane
devançaient Marseille. En revanche Jean-Claude Gaudin
jouissait de la meilleure image ! On mesure ici l’effet des campagnes de
désinformation et de sidération des médias nationaux ainsi que de
France 3 Provence et de La Provence.
À Toulon aussi il y a eu redressement financier selon la Cour des Comptes
Reste Toulon. C’est la ville la plus importante prise par le Front
National en 1995. Une ville qui a cumulé les problèmes et les
polémiques. Pourtant, là aussi, le bilan financier est positif. Il y a à
l’appui de cette affirmation un rapport de la Chambre régionale des
comptes portant sur la période 1995-2005. Certes, le rapport ne va pas
sans formuler des critiques : certaines pratiques anciennes – des
avantages sociaux remontant aux années cinquante, par exemple, ont
perduré et l’absentéisme est resté à un niveau élevé. Mais l’encours de
la dette par habitant a diminué, passant de 1 491€ à 1 382€ de 1997 à
2000. La capacité d’autofinancement disponible s’est aussi améliorée.
Cela n’a pas empêché les campagnes de diffamation de durer jusqu’en 2010. Ainsi, lorsqu’un litige opposant Jean-Marie Chevalier
à son successeur, agissant au nom de la ville de Toulon, fut tranché
par le Conseil d’État en faveur de l’ancien maire de Toulon, Le Point titra sur le thème « Toulon, la facture du FN s’alourdit encore ! »
Alors que le Conseil d’État venait simplement de rappeler des règles de
droit habituelles. Évidemment, tout cela laisse des traces dans les
esprits. C’est le but d’ailleurs…
Un jugement plutôt positif des électeurs
Les électeurs locaux, eux, ont porté un jugement nuancé et souvent
positif sur les mairies Front National. Notons d’abord qu’en dehors de
Vitrolles, conquise à la majorité absolue en 1997, les mairies de
Marignane, Toulon et Orange ne furent gagnées, en 1995, que dans le
cadre d’élections triangulaires. Les vainqueurs ne commençant leur
mandat qu’avec un potentiel de moins de 40% des suffrages. Pourtant,
trois des quatre maires furent réélus en 2001. Et Jacques Bompard le fut
à nouveau en 2008.
Après Orange, Bollène se redresse financièrement
Sa gestion d’Orange a d’ailleurs paru si convaincante que les
électeurs de la commune voisine de Bollène ont porté à la tête de leur
ville Marie-Claude Bompard, la femme de Jacques
Bompard. A Bollène aussi, le redressement financier est en cours : ainsi
la dette par habitant est passé de 1 646€ au 1er janvier 2008 à 1 143€
au 1er janvier 2012.
Ces résultats financiers sont d’autant plus remarquables que,
durant les mêmes périodes, l’endettement de l’État et des collectivités
territoriales a explosé. A contrario, on peut dire qu’avec une
gestion comparable à celle des villes FN, la France aurait gardé le
triple A et, surtout, ne serait pas plombée par l’endettement excessif
qui est le sien.
Cette affirmation est bien sûr politiquement incorrecte. Mais elle
repose sur des faits et des chiffres. Ce qui la rend peu susceptible
d’intéresser les médias de l’oligarchie. Car, dans le monde médiatique,
les faits comptent peu, les préjugés comptent davantage.
*Jean-Yves Le Gallou est un intellectuel français qui s’est intéressé
aux questions identitaires. Il préside la Fondation Polémia (site).
Les Mairies FN ont été mal "digérées" par l'oligarchie !!
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